AU FIL DES MOTS à Chavagnes-en-Paillers

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Triskaïdékaphobie et autres superstitions (Fév 2015)

Triskaïdékaphobie et autres superstitions

 

Admettons que vous soyez quelqu'un de superstitieux et que vous croyiez aux vertus des porte-bonheur, grigris (gris-gris) ou talismans de tout acabit, vous ne possédez certainement pas un hippocampe en agate ni une dent d'hippopotame, mais vous avez peut-être un porte-clés (porte-clefs) muni de cochonnets ou une broche avec des fers à cheval en argent ciselé. Vous ne passez au grand jamais sous une échelle, vous touchez du bois à tout bout de champ et vous éviter de briser un miroir. Bien sûr, vous croisez les doigts pour ne pas rencontrer un chat noir de jais sur votre chemin et vous avez logé un trèfle à quatre feuilles dans votre porte-monnaie. De plus, les trois brins de muguet que vous vous êtes procurés le printemps dernier possèdent chacun une hampe à treize clochettes. Imaginons quelle aurait été votre joie, s'ils avaient abrité une coccinelle à sept points noirs !...

 

L'opéra et le théâtre, quelque avant-gardistes qu'ils se soient toujours piqués d'être, restent des repaires de traditionalistes, ne serait-ce que par les superstitions, souvent ambiguës qui s'y perpétuent. Par exemple, on se gardera d'y introduire des œillets ou des phlox, des miroirs ou des cordes épissées ou encore des parapluies. Combien d'acteurs risque-tout a-t-on vus qui, ayant osé manger des endives ou des dents-de-lion en salade, avant d'entrer en scène, avaient bredouillé et s'en étaient mordu les doigts après se les être léchés ! Une actrice de renommée internationale a avoué qu'elle devait tous ses grands rôles à de curieuses tisanes de plantes porte-bonheur : l'aigremoine, la sarriette, la cynoglosse et la joubarbe, utilisées inconsidérément, ou à des genêts ou des hyacinthes pendus dans sa loge, et quoiqu'elle aimât la chlorophylle, elle fuyait le vert.

 

Toujours au théâtre, juste avant une première, on ne dit pas gentiment « bonne chance ! » ; surtout pas, mais un « merde ! » bien sonore et enthousiaste qui tient son origine du crottin que les chevaux déposaient en même temps que le spectateur venu en calèche devant l'entrée du théâtre. Le nombre de spectateurs était donc proportionnel à la masse d'excréments jonchant l'entrée du public . Plus il y avait de « merdes », meilleur signe c'était quant au remplissage de la salle. C'est bien le seul endroit où l'on peut allégrement balancer du « merde » en veux-tu en voilà à ses partenaires de jeu sans que ledit mot ne soit un juron.

 

Quittons la France, traversons l'océan Atlantique et atterrissons à New York. Tout fiers qu'ils sont de leurs gratte-ciel, nos amis américains n'en sont pas moins très frileux devant le nombre treize. Vous ne dormirez jamais dans une chambre portant le numéro treize, elle n 'existe pas , de même qu'il n'y a pas de treizième étage et pas de siège treize dans les avions.

 

Très étonnant, non ?

 

Le 2ème paragraphe est tiré d'une dictée de Bernard Pivot



10/09/2016
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