AU FIL DES MOTS à Chavagnes-en-Paillers

AU FIL DES MOTS à Chavagnes-en-Paillers

Septembre 2020

Au fil des mots                                                          jeudi 10 septembre 2020

 

 

Déconfinées, les mouches

 

 

Je signe moult pétitions en faveur des abeilles. J'aime les bourdons dodus et poilus, éprouve de la tendresse pour les araignées : une légende amérindienne dit qu'elles nous ont offert l'alphabet. Coquerelles, mille-pattes ne me dégoûtent pas vraiment. J'accepte, de mauvaise grâce, mais j'accepte, de donner mon sang aux dames maringouins qui nourrissent leurs petits. Mais il y a une bestiole qui réveille en moi la tueuse en série : la mouche !

Avez-vous remarqué combien elles sont nombreuses ! Elles ont déconfiné plus vite que les centrales d'appel qui nous achalent à propos de nos combles, de nos mutuelles. Et vas-y que je bzzz à fond, que je me pose partout, que je me cogne contre les vitres, que j'empêche le chien de dormir, que je bouffe le fromage après avoir visité le poulailler et ça, sans être passée par la case : décrassage de pattes au gel hydroalcoolique. En ce moment même, il y en a une qui me tourne autour en vrombissant plus qu'un scooter débridé et... ça ne s'invente pas, le téléphone sonne ! Pour l'isolation des combles ! Je craque, j'adhère à la théorie du complot !

Revenons aux mouches. Pour les combattre, mon chum a acheté ces rouleaux collants que chérissaient nos mémés. C'est laid à arrêter le sang, les mouches y agonisent pendant des heures, si bruyamment que ça file le bourdon. Moi, la mouche, tel un Tartarin de Tarascon affrontant le lion, je la chasse ! Je l'ai longtemps fait à coups d'aspirateur. Tandis que les bêtes bourdonnantes se cognaient obstinément contre la vitre, j'arrivais à pas de loup et les aspirais ! Seulement je me réveillais en sursaut, la nuit, croyant les entendre vrombir dans l'aspirateur. Désormais, je chasse à la tapette à mouche : efficace, écolo, sportive !

Tant que je ne rêve pas de têtes de mouches géantes accrochées au mur en guise de trophées...

Marie-Luce Maupetit

Chroniqueuse québécoise – OF du 27-28 juin 2020

 

 

 

 

Un peu d'entomologie...

Les doryphores, scarabées et autres chrysomèles sont des coléoptères qui donnent des cauchemars aux jardiniers. Ceux-ci doivent maintenant remplacer les insecticides chimiques par des solutions plus respectueuses de la nature : insectes auxiliaires comme les coccinelles, pièges à phéromones etc. Quant à la drosophile, ou mouche du vinaigre, c'est un diptère qui pond ses œufs dans les fruits et fait les fait pourrir au grand dam de la cuisinière qui se réjouissait de faire moult tartes et confitures.

 

 

 

mardi 15 septembre 2020

 

Des députés tout miel

D’aucuns prétendent qu’à l’Assemblée nationale on ne fait que pioncer, faire des mots fléchés et des sudokus ou poster des tweets à longueur de séance. Que nenni!, rétorqueront les députés francs-comtois et bourguignons. On insinue que la parité s’y applique couci-couça. Que des carabistouilles!, répliqueront ceux des Hauts-de-France. À l’instar de l’Ancien Régime, dans lequel le tiers état était peu représenté, les classes laborieuses n’y constituent qu’un faible effectif. Encore des billevesées!, s’insurgeront en choeur les parlementaires. Mais cette fois-ci, personne ne les accusera de raconter de bobards, car désormais, là-bas, toute une population, de surcroît féminine et prolétaire, s’active, s’affaire, vibrionne nuit et jour. De fait, quelque soixante mille ouvrières y ont élu domicile! 

Il faut dire qu’un rucher, installé à demeure depuis cinq ans, trône sur le faîte de ce bâtiment prestigieux de la nation. Un parangon à suivre pour tous nos politiques

puisqu’en matière d’hexagone les abeilles en connaissent un rayon! Jugez-en : pas de chômedu, aucun sans domicile fixe, des places toujours vacantes dans les crèches. Le népotisme ? toute la parentèle oeuvre au même endroit et dare-dare : aucun emploi fictif ! Pas d’amalgame non plus : impossible de confondre le nectar et la picole. Le mariage pour tous? chez ces hyménoptères très zélés, l’hyménée est banni : aucun temps mort autorisé pour la bagatelle. Du reste, les faux bourdons ne sont pas à la noce : considérés comme des tire-au-flanc, ils sont rapidement mis au ban… Tout juste, parfois, ces travailleuses font-elles preuve d’exhibitionnisme quand l’essaim pointe (point) en l’air.

Alors, politisation? non, pollinisation! Avec ces (ses) trois ruches bleue, blanche, rouge, certains parlent même de requalifier le Palais-Bourbon en « Palais-Bourdon »! Saillie qu’un Dard, toujours piquant, eût volontiers sortie… Mais alors, les membres du Parlement s’habilleront-ils désormais dans des complets-vestons bicolores noir et jaune, des attachés-cases en nid-d’abeilles à la main ? Verra-t-on les élues s’attifer de jupes en ruché leur dessinant des tailles de guêpe ? Les débats dans l’hémicycle deviendront-ils si melliflu(e)s que plus un nom d’oiseau ne volera jusqu’au perchoir? Peut-être n’y discutera-t-on plus que reine2, cire et propolis… On n’attend désormais plus que la République offre à l’héritier de la couronne d’Angleterre un pot de gelée royale. Le futur George VII s’exclamera-t-il alors dans un

français impeccable et exempt d’euphuisme, en ce jour heureux : « Apidé ! » ?

 



10/09/2020
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 24 autres membres