AU FIL DES MOTS à Chavagnes-en-Paillers

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Octobre 2020

jeudi 8 octobre 2020

 

 

L'écouvillon, en passe de devenir un objet culte ?

 

À l'instar du presse-purée, du Rubik's Cube, de la clé USB et de bien d'autres choses encore, l'écouvillon du test PCR serait-il en passe de devenir à son tour un objet culte ? En ce moment on le voit partout, en photo comme en vidéo : dans la presse écrite, à la télévision, sur internet etc..

Personnellement, je trouve cet objet terrifiant. À vue de nez, si j'ose dire, sa longueur est de l'ordre de quinze centimètres, soit à peu près le double d'un coton-tige normalement constitué. De quoi voyager loin assurément... Mais cet engagé de la narine connaît-il vraiment les normes de la construction nasale ? Cyrano serait-il le patient de référence en la matière ?

En opération sur site, l'instrument semble manipulé par un humanoïde poly-harnaché tout de blanc vêtu, affublé d'une charlotte, de lunettes de plongée, d'un heaume à visière, d'un masque, d'une paire de gants et d'un costume étanche souvent recouvert d'une blouse translucide. Optionnellement, il est même parfois chaussé de bottes assorties. Un écran assurément infranchissable, même pour le plus intrépide des coronavirus !

Avant d'attaquer sa cible, à la manière d'une Laura Flessel s'apprêtant à porter l'estocade, l’œil dilaté, le praticien patenté ainsi bardé évolue la situation, jauge son patient, repère l'orifice à atteindre, corrige au besoin sa posture, puis s'élance et enfonce prestement sa pique dans la cavité visée, l'y laisse tremper quelques secondes, et la retire. « Ouf : au moins c'est fait ! » s'exclame alors, soulagée, la pauvre victime agrippée à son siège. Mais le semblant de sérénité qu'elle a retrouvé est vite tempéré par le chargé d'opération : « Ce n'est pas tout à fait fini ! Je dois maintenant m'occuper de l'autre narine... ».

Ce genre de scène qui passe en boucle sur les chaînes d'infos en continu évoque pour moi, tour à tour, des images de la bataille de Hastings figurant sur la célèbre tapisserie de Bayeux, de sordides scènes de torture dignes de l'Inquisition, ou alors un spectacle de tauromachie, avec un matador cambré au centre de l'arène qui plante ses banderilles dans le dos sanguinolent d'un malheureux taureau. Ces comparaisons évidemment excessives ne m'incitent pas à subir le test PCR bien que celui-ci soit gratuit.

Daniel Le Faou

Courrier des lecteurs Ouest-France du jeudi 27 août 2020

 

Mardi 20 octobre 2020

  

Au revoir les petits

 

 

Ex-bambins des sixties, saviez-vous que l’été 2019 vous mit en deuil ? C’est, en effet, par un beau jour d’août – le 30 - que le plus gentil des grizzlis, qui berça, chaque soir, de sa bonhomie, j’en suis sûr, vos courtes veillées d’enfants est définitivement remonté sur son cumulonimbus : Nounours s’en est allé, en la personne du nordiste Marcel LEDUN, qui habita, trente-cinq années durant, la fourrure aux tons marron glacé du fidèle copilote du marchand de sable.

Gageons qu’il fut conduit au paradis des marionnettes, des joujoux animés et des héros de saynètes enfantines par tous ses amis, stars des émissions réservées à la jeunesse par feu l’ORTF. Tout le long du chemin vers le ciel, résonnèrent-elles, les comptines composant chaque générique familier ? Je me plais à imaginer la tête des anges, de l’archange coruscant au plus éthéré des chérubins, à la vue de ce cortège haut en couleur : un caneton encore duveteux, empressé à la découverte du monde tel un saute-ruisseau chargé de minutes ; une oie blanche fine mouche, attifée d’un fichu à pois, flanquée de son inséparable amie, aussi crédule qu’empruntée, à la queue en tire-bouchon ; un petit lion, libéré pour l’occasion par son vizir de maître au cou ceint de tant de gemmes et d’or... Sans oublier un clown accordéoniste officiant aux guides surannées de sa roulotte tsigane, un skye-terrier dont le fort accent anglais n’en finit pas de tournicoter dans nos mémoires, à l’instar de son manège, un magicien à la gibbosité prononcée, toujours prêt à exaucer les vœux de ses jeunes visiteurs extraterrestres en habits de pierrot, un pachyderme orphelin, couronné roi des éléphants tôt, futur époux de sa cousine Céleste…

Bien sûr, l’adolescence aidant et l’empire du Soleil-Levant kidnappant nos synapses par ses productions bellicistes intergalactiques, nous eûmes bientôt pour nouveaux champions un robot surarmé rescapé de sa planète détruite par des humanoïdes méphistophéliques, un amiral borgne à la barre d’un vaisseau spatial fantomatique, un capitaine tout feu tout… flamme. Mais aucun de ces anime ne nous fit jamais oublier la voix de bon-papa gâteau, les gestes de velours, le museau tout - comment dire ? –… tout teddy de l’ami de Nicolas et Pimprenelle.

Adieu, cher Nounours, et merci, monsieur Marcel, vous dont j’ignorais l’existence, jusque-là. À l’évocation du pelage douillet dont je vous vis mille fois revêtu sans vous connaître, mon regard s’embrume, se brouille comme si j’avais du bren dans les yeux. Mais je crois bien apercevoir, au firmament des étoiles, une lueur nouvelle juste à côté de la Grande Ourse…

 

 

 

On accepte : bambin / veillées d’enfant (concordance obligatoire !), grizzlys, tzigane, habit, Pierrot, Soleil levant

Éric TONDEUR Avril 2020

Texte aimablement relu par Bruno DEWAELE

 

Test : les concurrents doivent écrire, avec la bonne orthotypographie, les titres des productions télévisuelles évoquées dans la dictée.

  • Bonne nuit les petits

  • Les Aventures de Saturnin Aglaé et Sidonie

  • Titus le petit lion (ou Le Petit Lion)

  • Kiri le clown

  • Le Manège enchanté

  • Au clair de lune

  • Babar

  • Goldorak

  • Albator

  • Capitaine Flam

 



09/10/2020
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