AU FIL DES MOTS à Chavagnes-en-Paillers

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Mai 2022

Jeudi 12 mai 2022

 

La girafe

 

La girafe, mammifère ongulé artiodactyle, est un des animaux exotiques de première grandeur qui est demeuré le plus longtemps mystérieux, voire carrément fabuleux pour les Français. On imagine donc l'enthousiasme des foules, lorsque la première girafe, en chair, en os et en cou posa pour la première fois le pied sur notre sol au XIXe siècle. Zarafa -c'était son nom- débarqua à Marseille le 26 octobre 1826, envoyée en présent à Charles X par le pacha d'Égypte, Mohamed Ali. Durant les quarante jours de son voyage à pied jusqu'à Paris la foule s'amassa sur le parcours dans une préfiguration de ce qui serait plus tard le public du Tour de France. La plupart des auberges où la caravane avait fait halte prirent l'enseigne « À la girafe » !

L'expression « peigner la girafe » viendrait d'une anecdote relatant l'histoire d’un gardien du Jardin des Plantes qui, devant les remontrances de ses supérieurs lui reprochant de ne rien faire, aurait rétorqué qu’il « peignait la girafe ».

Une autre girafe célèbre vient de fêter ses soixante ans. Elle a été prénommée Sophie, parce qu'elle a été créée un 15 mai, jour de la Sainte-Sophie. Ce jouet en caoutchouc naturel est encore fabriqué en France, au cœur de la Haute-Savoie, avec du latex issu de l'hévéa. Malgré son allure très simple, il est en réalité le seul au monde à pouvoir éveiller les cinq sens de nos bouts de chou, grâce à ses contrastes de couleurs, à ses effluves légèrement vanillés ou bien encore au « pouet » émis lorsque l’enfant appuie dessus.

 

 

Au supermarché

 

Ayant quitté l'aire de stationnement des sous-sols, une consommatrice en pull jacquard s'était saisie d'un caddie et fonçait vers l'ascenseur. Pas question de folâtrer ni de papillonner : elle n'avait que vingt-cinq minutes à consacrer à ses achats dans la succursale d'un supermarché.

Le portillon d'accès franchi, elle se dirigea vers des étalages bien fournis, où des kakis, par dizaines de kilos, des caisses de bigarreaux mûrs voisinaient avec des brocolis, des artichauts, des panais tout frais et des scorsonères un peu fripées. Juste à côté, des bolets et des girolles sous cellophane, quelque déshydratés qu'ils fussent, partageaient un présentoir avec du chasselas juteux déjà grappillé par des sans-gêne(s).

Au croisement suivant, quel que fût le prix avantageux qu'on lui proposait pour des spiritueux et des vins bouquetés, elle leur préféra, nonobstant, des magnums d'une eau légèrement gazéifiée. In extremis, elle s'arrêta devant une bergerie où deux gamins dégourdis s'étaient déjà présentés trois fois à une dégustation de petits-beurre(s) superfins, lesquels, d'ailleurs, leur avaient laissé le minois tout barbouillé.

Son chariot rempli, notre consommatrice s'enquérait d'une caisse libre lorsque deux adolescents sur des rollers, mâchouillant du chewing-gum s'élancèrent tous azimuts, si bien que l'un fit tomber dans le cabas de la ménagère une colonne de boîtes de pâtée pour chiens et que l'autre fit choir les lampes stroboscopiques qu'il avait repérées pour sa future boum.

 

 

 

 



27/09/2022
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