AU FIL DES MOTS à Chavagnes-en-Paillers

AU FIL DES MOTS à Chavagnes-en-Paillers

Décembre 2018

11 décembre 2018 

 

L'aronde de Noël

 

  Nous avions connu cette année-là une fête de Toussaint extrêmement douce et nous venions de vivre trois automnes parmi les plus chauds depuis soixante  ans. Signe de ce réchauffement climatique, la présence, observée à Noël par les ornithologues, d’hirondelles sur les côtes du Finistère. Avaient-elles oublié de plier bagage et, au(x) premier(s) vent(s) frisquet(s), de mettre cap au sud et de parcourir à tire-d’aile quelque dix mille kilomètres vers les contrées africaines plus clémentes, le temps d’y passer plus douillettement la saison hiémale ?

Fait tout aussi étonnant, d’autres migrateurs s’étaient complu à hiverner sur notre terre bretonne : limicoles, passereaux, tels la fauvette à tête noire et le pouillot véloce, avaient dédaigné le grand voyage annuel. L’aronde virevoltait dans les étables, les hangars désertés ou les resserres mal obstruées, et, trissant gaiment (gaiement), volait en rase-motte(s) au-dessus des champs dénudés ou dans l’éther brumeux, au-dessus des flots.

Il devenait évident que la ronde des saisons se trouvait quelque peu chamboulée. L’hiver, plus doux, favorisait le maintien d’invertébrés consommés par les hirondelles dans les tourbières nourricières ou les polders.  Au printemps, cette douceur faisait naître prématurément hyménoptères, diptères ou encore  ces odonates chamarrés qui feraient défaut à des migrateurs plus tardifs.

On le voit, l’équilibre de notre milieu naturel est bien menacé. La phénologie étudie les conséquences de ce changement climatique sur la vie de la gent ailée. Les oiseaux deviennent ainsi pour nous des alarmes qui ne cessent de retentir. C'est l'hirondelle qui, effectivement, ne fait plus le printemps parce qu'elle préfère passer l'hiver dans la douceur du vieux continent (Vieux Continent) et s’épargner ainsi une traversée du désert harassante et hasardeuse. C’est la cigogne qui s'est sédentarisée ou le héron garde-bœuf, pensionnaire de Camargue, qui piète maintenant en baie de Somme.

Puissions-nous enfin comprendre que tous ces gracieux échassiers et ces majestueux rapaces qui résident désormais à longueur d’année chez nous sont bien malgré eux des oiseaux de mauvais augure et les signes précurseurs d’un chaos annoncé.

Henri Le Guen, avec les conseils de Philippe Dessouliers.

 

 

 

 

Jeudi 13 décembre

 

Texte n.1

Les plaisirs de l'automne

 

 

 

Quels jolis nuages comme autant de grosses boules de coton! Les journées lumineuses que nous vivons au cours de l'automne se parent de si belles décorations célestes. Il faut pourtant se dire que ciel moutonné n'est pas de longue durée.

Une petite promenade en cette époque délicieuse n'est pas un luxe. Le vent très calme autorise encore les tenues allégées et décontractées.

Poursuivant notre balade, nous découvrons une tache immense qui illumine ce coin de jardin. Le jaune d'or de cet arbuste qui fut merveilleux avec ses baies rouges a changé le décor. Le vent aura raison de toute cette splendeur d'ici quelques semaines. En attendant quelle joie pour les yeux que cet or gratuit remplaçant le soleil. Les beaux jours qui nous ont éblouis sont rangés dans les tiroirs presque hivernaux. Mésanges et moineaux s'ébattent sur ces perchoirs ocre avant la tombée des feuilles qui s'amoncelleront (amoncèleront) bientôt sur le sol mouillé.

Au jour le jour, apprécions la nature si belle en cette saison.

 

 

 Texte n.2

Lettre à Charles

 

 

Hier encore, vous ambitionniez de vivre cent ans et voilà que subitement, un vilain œdème pulmonaire a eu raison de votre pugnacité. Et pourtant, nous y croyions tous à cette longévité tellement vous ne vous êtes jamais laissé aller au cours d'une vie qui fut tout sauf facile. Bien avant même que vous ne vous voyiez en haut de l'affiche, vous avez dû faire face aux soucis d'un enfant né, un peu par hasard à Paris au mois de mai, fils d'immigrés dans l'attente d'un hypothétique visa pour l'eldorado américain qui n'est jamais venu. Je ne sais si vous avez connu les affres de la faim, mais vous avez sûrement (surement) côtoyé de près la bohème que vous avez si joliment magnifiée.

Et voilà qu'aujourd'hui, sans que je l'aie vraiment voulu, mes souvenirs affluent. Avec un brin de nostalgie, je me prends à vouloir valser sur Les Plaisirs démodés, danser le slow sur La Mamma ou le rock sur For me, formidable. Non, vous voyez, je n'ai rien oublié de tous ces succès qui ont bercé ma jeunesse et qui vous ont conduit à l'empyrée si convoité des chanteurs. De tous ces tubes qui se sont succédé et que vous lanciez à la cantonade sur toutes les scènes du monde, nous pourrions faire un superbe mille-feuille (millefeuille) si nous les empilions. Qui, passé la sidération de la nouvelle de votre mort, ne s'est mis à fredonner Sur ma vie, Mourir d'aimer ou Les Comédiens ? Non que chaque titre fût gai, comme ils disent, mais il parlait à chacun.

En ce week-end pluvieux, je hais les dimanches avec Gréco et rêve avec Piaf, sans y croire, d'un ciel plus bleu que vos yeux ; mais décidément, que c'est triste Venise après votre départ. Car, désormais, comme Amel Bent, je reste seul et vous adresse cette supplique : « Emmenez-moi au pays des merveilles. »

Jean-Luc Brianceau

Championnat de Vendée d'orthographe – Aizenay

 

 

 

 



14/12/2018
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