AU FIL DES MOTS à Chavagnes-en-Paillers

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Avril 2017

La révolution du numérique                                                                                                  11 avril

 

Voici le texte qui aura servi de support, en début d'après-midi, à la dictée de la médiathèque de Tourcoing, version 2017. En gras, les dix mots de la Semaine de la langue française à venir, qui n'ont pas peu contribué à circonscrire le sujet !

  

Il ne faudrait surtout pas que vous croyiez le passionné d'orthographe rétif à la modernité, quelle qu'elle soit. Que, pour mieux se pénétrer des avatars de notre langue, il parcoure plus souvent qu'à son tour les pages vieillottes de dictionnaires surannés ; qu'il y demeure assez longtemps pour que se déclare incontinent, chez l'allergique qu'il est quelquefois, une rhinite de derrière les folios, cela ne veut pas dire qu'il vive en autarcie ! J'en connais même plus d'un – et, quoi que vous en pensiez, ce n'est pas là un canular – qui soit capable de vous télésnober sans l'ombre d'un remords, pour peu que l'appareil utilisé (un nomade, évidemment !) héberge les applis propres à étancher une soif inextinguible de savoir.

 

Sachez donc, bonnes gens trop souvent abusés par les on-dit, que l'on peut s'immerger dans notre lexique tout en étant de son époque. Ce n'est certes pas un inoffensif nuage, ressortît-il à l'informatique, qui va impressionner quelqu'un ayant toujours accueilli parmi ses favoris cirrus et cumulonimbus ; un vulgaire pirate, que l'on aura à cœur de ne pas écrire hacker, qui déstabilisera quiconque n'a jamais hésité, pour s'imprégner du vocabulaire de la flibuste, à faire la hune et le reste du galion dans leurs moindres recoins ; quelques émoticônes ou émojis plus ou moins raffinés qui rebuteront cet obsédé textuel, il est vrai moins

affamé de symboles que de diacritiques.

 

Mieux : la plupart des jusqu'au-boutistes susdits ne se seront pas seulement accommodés de ce hurricane subit que leur aura valu le numérique. S'il s'en faut qu'ils se soient métamorphosés en geeks, prompts à jongler avec les doubles-clics, les raccourcis clavier et les mots-dièse, beaucoup, en fureteurs qui se respectent, se seront fait un plaisir de repérer dans leurs éternels dicos ces captchas, yottaoctets et accès séquentiels qui vont bien à dire, un peu moins à coucher sur le papier ! Non qu'ils veuillent faire leurs nerds (la fanfaronnade n'est pas leur fort), mais parce qu'ils comptent, grâce à eux, mystifier enfin leurs pairs...

 

On aura accepté : hackeur, émoticones, leur nerd.

 

 

 Jeudi 13 avril

dictée n°1

Écoute les fleurs...

 

Quand j'étais enfant, ma chère Aurore, j'étais très tourmentée de ne pouvoir saisir ce que les fleurs se disaient entre elles. Mon professeur de botanique m'assurait qu'elles ne disaient rien : soit qu'il fût sourd, soit qu'il ne voulût pas me dire la vérité, il jurait qu'elles ne disaient rien du tout.

Je savais bien le contraire . Je les entendais jaser confusément, surtout à l'heure du serein ; mais elles parlaient trop bas pour que je pusse distinguer leur(s) babil(s) ; et puis, elles étaient méfiantes, et, quand je passais près des plates-bandes (platebandes) du jardin ou sur le sentier du pré, elles s'avertissaient par une espèce de « psitt »(pst) qui courait de l'une à l'autre. C'était comme si l'on eût dit sur toute la ligne : « Attention, taisons-nous ! Voilà (voilà) l'enfant curieux qui nous écoute. »

Je m'y obstinai. Je m'exerçai à marcher si doucement, sans frôler le plus petit brin d'herbe, qu'elles ne m'entendirent plus et que je pus m'avancer tout près, tout près ; alors, en me baissant sous l'ombre des arbres pour qu'elles ne vissent pas la mienne, je saisis enfin des paroles articulées.

Il fallait beaucoup d'attention ; c'était de si petites voix, si douces, si fines, que la moindre brise les emportait et que le bourdonnement des sphinx et des noctuelles les couvrait absolument.

Je ne sais quelle langue elles parlaient. Ce n'était ni le français, ni le latin qu'on m'apprenait alors ; mais il se trouvait que je comprenais fort bien. ( à suivre...)

 

George Sand - Conte pour enfants « Ce que disent les fleurs »

 

 

dictée n°2

Hymne dédié au printemps

 

Sitôt l'équinoxe vernal passé, le printemps fait officiellement son apparition, souvent escorté par le flamboiement des forsythias flavescents. Mais des signes avant-coureurs, telles l'apparition des perce-neiges (perce-neige) et autres fleurettes ou les aubades matutinales des oiseaux, nous invitent à la patience. Et à Genève, l'éclosion du premier bourgeon du marronnier de la Treille dûment (dument) constaté par le sautier, que la Tribune de Genève ne manque pas de signaler, marque officieusement l'avènement de la saison nouvelle.

Si le calendrier romain, ancêtre du nôtre, faisait débuter l'année au printemps, c'est probablement au renouveau de la nature qui sort de sa léthargie hiémale. Depuis des temps immémoriaux, partout dans le monde on célèbre le printemps par diverses libations. En Suisse, tandis que les Zurichois s'adonnent à deux jours de liesse avec un cortège dont l'apothéose est la mise à feu de l'effigie du Bonhomme Hiver, dans certains villages genevois, les enfants couronnés de fleurs défilent en chantant à travers les rues décorées pour fêter le Feuillu, jadis un mannequin fait de branchages.

 

X ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



12/04/2017
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